Santé et interêt général

La démocratie en France et en Europe

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Etude d’opinion réalisée par Viavoice
pour le Prix de la Démocratie et la Revue Civique

Étude d’opinion réalisée par Viavoice pour le Prix de la Démocratie et la Revue Civique.

Interviews effectuées en ligne, du 13 au 14 septembre 2018, auprès d’un échantillon de 1010 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Représentativité par la méthode des quotas appliquée aux critères suivants : sexe, âge, profession, région et catégorie d’agglomération.

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Aux sources du malaise démocratique

Le « sentiment démocratique » en retrait depuis janvier

Avec à peine un tiers de l’opinion publique (34 %) considérant que la démocratie « fonctionne bien » en France, le sentiment démocratique des Français revient à son niveau de septembre 2016, après un sursaut en janvier 2018 (à 54 %).

Un recul particulièrement important donc – 20 points de baisse en quelques mois seulement –pouvant s’expliquer de différentes manières.

La première explication, conjoncturelle, est liée au calendrier électoral : après une successiond’élections entre la fin d’année 2016 et le printemps 2017 – depuis les différentes primairesjusqu’aux élections législatives – les Français n’ont pas eu, depuis, de nouvelles occasionsd’exprimer leur attentes et leurs choix pour l’avenir du pays. Une réalité qui a son importance, puisqu’elle peut être une source de frustration dans l’opinion publique.

La seconde explication est liée la pratique du pouvoir, au plus haut niveau de l’État. Après avoir incarné le renouveau des pratiques et des postures politiques, Emmanuel Macron et sa majorité sont aujourd’hui mis en cause à leur tour : reproches de ne pas être assez à l’écoutede certaines catégories de Français (pauvres, ruraux, retraités…), critiques sur un pouvoir souvent perçu comme « trop vertical », report cet été des réformes institutionnelles devant précisément « régénérer » la démocratie…

Ces déceptions existent ; et elles ont leur importance. Pourtant, s’il est tentant – en particulier en France – de lire l’évolution du sentiment démocratique uniquement à la lumière du niveau de popularité du Président, il n’est pas la seule cause de ce recul, de même qu’il n’était pas le seul responsable de l’amélioration du sentiment démocratique entre fin 2016 et début 2018.

Le « big bang » politique de 2017 n’a pas toujours eu les effets escomptés.

Ainsi, l’année 2017 avait connu trois « ruptures » saluées à l’époque par une large majorité de

Français, au-delà de leur appartenance politique :

– Un renouvellement sans précédent des élus, qui était le fait de la majorité actuelle mais également de l’opposition (notamment avec le non-cumul des mandats),

– La recomposition du paysage politique, avec notamment la remise en cause du clivage gauche-droite et développement de nouveaux clivages, qui là encore étaient portés pard’autres forces politiques que la seule majorité LREM-Modem (LFI, FN…),

– Enfin, le recul sans précédent des partis qui avaient gouverné la France depuis 1958, c’est- à-dire la droite républicaine et le Parti socialiste.Or, les effets de ce « big bang », que les Français avaient eux-mêmes souhaités et provoqués par leurs votes successifs marqués par un certain « dégagisme » (primaires, puis présidentielle, puis législatives) apparaissent aujourd’hui décevants pour nombre d’entre eux.

Ainsi l’effacement du clivage gauche-droite et des partis dits « de gouvernement » a laissé place à un paysage politique morcelé, avec des oppositions multiples, peu audibles et parfois poussées à la surenchère : une situation qui peut être regrettée tout autant par les sympathisants de la majorité que par les sympathisants du RN, de LFI, du PS ou encore de LR.

Le renouvellement des élus n’a ni effacé subitement les « affaires », ni donné à voir au quotidien des pratiques politiques radicalement différentes de celles de l’ « ancien monde », quelle que soit d’ailleurs l’orientation politique des nouveaux élus.

Enfin, le nouveau pragmatisme consistant à faire travailler ensemble personnalités de gauche, de droite et de la société civile n’a pas encore produit les résultats escomptés (une meilleure efficacité de l’action publique) : au contraire, la conjoncture économique ralentit, l’action pourl’environnement a été jugée trop timide par celui-là même qui en avait la charge (Nicolas Hulot), et les réformes institutionnelles sont actuellement en pause, pour ne pas dire en panne.

Dans ce contexte, difficile de vanter l’efficacité du « nouveau monde » ou d’affirmer que le renouvellement sans précédent de 2017 a totalement changé la donne sur le plan démocratique, comme beaucoup de Français l’espéraient encore en ce début d’année 2018.

Une « crise démocratique » européenne avant d’être française ?

Enfin, ce « recul démocratique » en France doit être mesuré à l’aune d’une « crise de la démocratie » qui dépasse très largement nos frontières nationales.

On peut souligner le parallélisme existant entre le jugement sur la démocratie en France d’unepart, et en Europe d’autre part : si seuls un tiers des Français (34 %) pensent que la démocratie fonctionne bien dans leur pays, ils ne sont également qu’un tiers (33 %) à considérer que la démocratie fonctionne bien « au sein de l’UE et de ses institutions » ou encore un tiers (33 %) à trouver que la démocratie fonctionne bien « dans les différents pays européens ». Là encore, les causes – largement commentées et analysées ces dernières années – sont multiples : crise économique et hausse des inégalités, tentations protectionnistes face à la mondialisation, crise des identités nationales, régionales ou religieuses… Autant d’arguments qui ont favorisé ces dernières années le retour des autoritarismes à l’échelle de notre continent (et au-delà).

Difficile de promouvoir, dans ce contexte particulièrement anxiogène, une démocratie régénérée et conquérante, que ce soit à l’échelle de la France ou de l’Europe. Sauf, peut-être, à souligner certains paradoxes de notre époque : ainsi l’opposition entre « libéraux » et « illibéraux », ou entre « progressistes » et « populistes », pour simplificatrice qu’elle soit à bien des égards, a au moins le mérite de générer un débat transnational sur les valeurs et l’avenirde l’Union, au Parlement européen mais aussi au-delà. Un débat démocratique à l’échelle del’Europe qui a longtemps manqué lors des précédentes élections européennes, jusqu’alorsessentiellement centrées sur les thématiques nationales, et alimentant en retour le sentimentd’institutions européennes peu démocratiques, lointaines, ou technocratiques.

Une nouvelle donne qui pourrait paradoxalement renforcer la démocratie européenne lors du prochain scrutin, de la même manière que la crise démocratique mesurée en France en 2016 avait provoqué en 2017 une « révolte par les urnes » dont on peine encore à mesurer toutes les répliques.

Aurélien Preud’homme, Directeur des études politiques

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Lire l’intégralité de l’étude

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