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Face à la tragédie du coronavirus
L’aspiration majoritaire à un autre monde
L’avenir semblait dépourvu d’horizon. Avant le coronavirus, la France paraissait confier son sort aux rééquilibrages des municipales, voire d’une présidentielle globalement attendue avec circonspection.
La tragédie actuelle, qui interroge sur les modalités et les limites de notre mode de développement, ouvre au contraire des champs majeurs de réflexion et de réinvention. Tel est l’enseignement essentiel de cette nouvelle livraison du baromètre Viavoice – Libération : de très larges majorités de Français aspirent à un autre monde, dont les lignes de force peu à peu se dessinent.
Un autre monde : souveraineté collective, dépassement de la société de marché, et biens communs
Les résultats sont frappants par leur ampleur : les Français aspirent massivement à un autre monde, dont les axes majeurs sont :
– La reconquête de la souveraineté collective : 70 % estiment qu’il faut « reprendre la construction européenne et créer une vraie puissance européenne », et 84 % qu’il faut « relocaliser en Europe le maximum de filières de production ». Pour cela est souhaité un « protectionnisme économique beaucoup plus strict envers le reste du monde », que ce soit aux frontières de l’UE (65 %) ou de la France (54 %) ;
– Le dépassement de la société de marché : 69 % jugent nécessaire de « ralentir le productivisme et la recherche perpétuelle de rentabilité », et 70 % de « réduire l’influence de la finance et des actionnaires sur la vie des entreprises » ;
– La sanctuarisation de « biens communs indispensables à tous » qu’il sera interdit de « fragiliser à l’avenir » : certes les « hôpitaux publics » (91 %) ou la « Sécurité sociale » (85 %), mais également « l’accès à l’eau et à un air de qualité » (88 %), la « biodiversité » (76 %) et l’« Education nationale » (82 %).
Ces aspirations ne sont pas neuves mais leur succès est novateur parce qu’elles dépassent l’opposition macronienne entre « nouveau monde » et « anciens mondes » politiques et économiques ; et elles inscrivent l’exigence écologique au sein d’une vision globale du futur.
Ces ambitions se déclinent en propositions majoritaires : « nationaliser des activités stratégiques pour la vie du pays » (68 %), « soutenir les entreprises nationales de manière beaucoup plus systématique et durable, même en dehors des crises » (56 %).
Emmanuel Macron : une gestion très décriée de la crise
Ces idées sont également nourries par des déceptions concernant la « gestion de la crise » du coronavirus par l’exécutif : 52 % des Français estiment que le président de la République a « mal géré » la crise (contre 44 %).
Concrètement prévalent des critiques massives qui ne se réduisent pas au premier tour des élections municipales qu’il « aurait fallu reporter » (84 %). S’imposent également les convictions selon lesquelles il « aurait fallu davantage expliquer les risques du virus, de manière à éviter les rassemblements dans les lieux publics et les parcs » (85 %) et « prendre des mesures de confinement beaucoup plus tôt et plus sévères » (83 %) : au total, le procès dominant contre l’exécutif est celui d’un manque d’anticipation et d’efficacité.
Au cœur de la crise, un « monde d’après » sans leader naturel
Dans ce contexte inédit, la singularité actuelle est de ne pas offrir de leader naturel. Pour aller « vers un monde avec de nouvelles règles de gouvernance et économiques, mieux à même de faire face à des crises telles que le coronavirus », Nicolas Hulot est cité en tête des personnalités testées (39 %), devant… Emmanuel Macron (33 %) et Edouard Philippe (32 %), puis Nicolas Sarkozy (32 %), Marine Le Pen (24 %), François Hollande (20 %), Marion Maréchal (20 %), Ségolène Royal (17 %), Yannick Jadot (17 %) et, curieusement en regard des circonstances, Jean-Luc Mélenchon (16 %), qui ne parvient pas à associer son image à l’idée de la société future.
La crise de 2008 avait consacré une dénonciation des dérives de la « finance », et ainsi forgé un socle de valeurs fédérateur de la gauche. La crise actuelle nourrit aussi des dénonciations fortes, et dessine des aspirations plus manifestes encore qu’en 2008, en précipitant des dynamiques enclenchées antérieurement.
Pour beaucoup, la pandémie révèle les défaillances de notre modèle, une scandaleuse inversion des priorités, et une course insensée d’un système que nul ne maîtrise. Par un effet vertigineux s’imposent simultanément l’une des plus grandes tragédies du siècle, et l’évidente nécessité de réflexions sur notre monde actuel.
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François Miquet-Marty
Stewart Chau
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