Entre campagne présidentielle et retour de la guerre en Europe
L’institution de l’information comme pilier démocratique
Les Français et le journalisme : une confiance renouvelée et accentuée
Premier enseignement de ce nouveau volume du baromètre sur l’utilité du journalisme, les Français renouvellent leur confiance à l’égard d’un métier qui représentent pour eux une réelle institution :
- Son utilité n’est plus à prouver, en regard des 90 % des Français qui jugent le journalisme comme un métier utile (+ 1 point depuis 2021). La période courant du début de la pandémie (février 2020) à aujourd’hui marque ainsi un bond de 4 points, en temps de crise le journalisme reste essentiel.
Par ailleurs, c’est encore et toujours à l’information « professionnelle » que les Français font confiance :
- 78 % des Français accordent leur confiance à l’information émanant des médias professionnels, quel que soit le support et non celle relayée par leurs proches ou les réseaux sociaux. Pratique renforcée par une conscience largement majoritaire de l’inflation des rumeurs et fausses informations sur internet et les réseaux sociaux, constat partagé par 91 % des Français (+ 3 points depuis 2021).
Une utilité « démocratique » pour le journalisme selon les Français, plus que jamais conscients de l’importance du journalisme comme signe de santé démocratique dans un contexte international bouleversé.
- 87 % déclarent que le journalisme existera toujours, qu’on ne peut pas imaginer une société sans médias (+ 2 points depuis 2021, + 10 points sur les deux dernières années) et 84 % à estimer que le journalisme est indispensable dans une société démocratique (+ 3 points depuis 2021, + 11 points sur les deux dernières années).
Journalisme et guerre en Ukraine : entre utilité et soupçons de manque de neutralité
En temps de guerre, les signes de vitalité démocratique sont rares. Alors que 60 % des Français font confiance à l’information délivrée par les journalistes s’agissant des enjeux internationaux, le journalisme apparaît en ces temps comme une denrée d’autant plus précieuse aux yeux des Français, qui soulignent son importance et son utilité, notamment face à des enjeux auxquels l’opinion est moins familière.
- 82 % des Français jugent ainsi le traitement journalistique de la guerre utile et 78 % indispensable ;
- Plus spécifiquement, 3 Français sur 4 considèrent qu’il a été utile pour comprendre la réalité des faits commis et les tensions internationales (74 %), et 65 % d’entre eux qu’il a été utile pour se forger une opinion sur les responsabilités à l’origine de cette guerre. Une large majorité de Français (64 %) considère enfin que ce traitement a permis de corriger les fausses nouvelles qui accompagnent la couverture médiatique du conflit.
Néanmoins, la portée et la place qu’a occupé le conflit russo-ukrainien dans la campagne présidentielle, notamment comme objet de positionnement pour les candidats les plus radicaux, semblent avoir réveillé les doutes quant à la neutralité des journalistes. Ainsi, 51 % des Français jugent que ce traitement est « orienté » et 42 % « sensationnel ».
Pour autant et signe de la complexité des enjeux et de la difficulté à l’appréhender, 58 % des Français considèrent dans le même temps que la couverture journalistique de la guerre est suffisamment neutre et objective. Comme un symbole supplémentaire de critiques davantage motivées par l’exigence que par une méfiance intrinsèque.
Stewart Chau
Directeur des études politiques et opinion
Adrien Broche
Consultant opinion