Face à la nouvelle France politique
Un moral économique qui résiste, malgré les inquiétudes majeures liées à la nouvelle Assemblée
À peine sortie d’une séquence politique aussi intense que sidérante, la France s’apprête à connaître une situation gouvernementale et parlementaire inédite. C’est donc, d’une certaine manière, sans références précédentes ni assurance que la France va affronter les défis économiques d’ampleur qui s’ouvrent : dette, croissance, dynamisme et attractivité, inégalités, transition climatique…
En plein été, dans quel état d’esprit les décideurs sont-ils plongés ? Comment évaluent-ils leur moral actuel et comment anticipent-ils, à la lumière des nouvelles données politiques, celui de demain ?
La nouvelle Assemblée nationale : des inquiétudes très majoritaires
Enseignement majeur de cette nouvelle édition du Baromètre des Décideurs Viavoice – HEC Paris – BFM Business, la nouvelle composition de l’Assemblée nationale ne rassure pas les Français s’agissant de l’avenir économique de leur pays.
La nouvelle Assemblée n’est considérée comme une bonne nouvelle que pour 20 % des Français. Moins de 2 sur 10 estiment qu’elle est une bonne chose pour le dynamisme de la France, la fiscalité, la création d’entreprises et les investissements étrangers. Une inquiétude largement partagée face à une situation inédite.
Les cadres ne se montrent pas plus optimistes : près de 70 % estiment que la nouvelle structuration politique, sans majorité absolue et sans majorité relative nette, est d’abord une mauvaise chose pour l’image de la France (69 %), pour les investisseurs étrangers (68 %) et pour le dynamisme de l’économie française (66 %). Plus de 6 cadres sur 10 estiment également que la création d’entreprises comme la fiscalité sur les entreprises pâtiront de cet agencement des forces politiques post élections législatives.
En phase avec les récentes annonces de l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire, les cadres attendent prioritairement une baisse des dépenses publiques (47%), mais également une taxe sur les superprofits des grandes entreprises (39%).
Si le plafonnement des prix de l’énergie est une solution souhaitée par 38 % des cadres, la hausse du Smic, promesse phare et symbolique du Nouveau Front Populaire, n’est attendue que par 19 % des décideurs, pas davantage sensibles au caractère prioritaire du renforcement des contrôles sur les chômeurs (21 %).
S’agissant des Français dans leur ensemble, priorité doit être donnée à la baisse des dépenses (47 %), devant le plafonnement des prix de l’énergie (41 %), et une taxe sur les superprofits (37 %). Le grand public se montre en moyenne plus accueillant envers l’augmentation du Smic (27 %).
Stabilité du moral des Décideurs : un « retour à l’entreprise » ?
Malgré ces perceptions critiques exprimées par les Français s’agissant de la nouvelle Assemblée nationale, l’indice du moral des Décideurs reste stable (-36 contre -37 au mois de mai). Comme si les mauvaises anticipations entrainaient non pas une dégradation mais la continuité d’une situation déjà minée d’incertitudes.
Et comme si, peut-être plus profondément encore, une large part des décideurs entreprises se repliaient désormais sur l’économie et leur travail, en attendant de voir, d’ici quelques semaines ou quelques mois, les implications de cette nouvelle donne politique sur l’économique française.
Un retour à l’entreprise, d’une certaine manière.
François Miquet-Marty et Adrien Broche, Viavoice