Nette dégradation du moral économique,
perception d’un « atout économique » Michel Barnier
Après la constitution du nouveau gouvernement, les Français seraient globalement peu préoccupés par la conjoncture financière et économique, et déçus par la nomination de Michel Barnier.
Cette nouvelle livraison du Baromètre des Décideurs Viavoice – HEC Paris – BFM Business révèle un tout autre portrait : une nette dégradation du moral économique se révèle, et en regard, Michel Barnier apparaît plutôt comme un atout économique pour la France.
Une nette et préoccupante dégradation du moral économique
L’indice synthétique du « Moral des Décideurs », glissant à -39, retrouve ses moyennes les plus basses, le plancher ayant été atteint pour mémoire après la crise de 2008, à -56.
Cette dégradation est imputable aux anticipations macro-économiques mais également micro-économiques :
- D’ici un an, 72 % (+8 points par rapport aux données enregistrées en juillet) des décideurs estiment que « le niveau de vie en France dans l’ensemble se dégradera » ;
- Au cours des mois qui viennent, 61 % (+4) estiment que « le nombre de chômeurs en France augmentera » ;
- Sur un plan plus personnel, 51 % (+ 8) considèrent que dans les mois qui viennent, leur « situation financière » va se dégrader.
Ces dégradations sont ainsi doublement préoccupantes, à la fois par leur ampleur (entre 4 et 8 points) et par le fait qu’elles se déploient sur les deux registres macro-économique et micro-économique.
Ces régressions s’inscrivent notamment dans un contexte où certes l’inflation est jugulée (+5,7 % en 2023, +2,5 % en 2024, +1,5 en 2025), mais où prévalent (données Banque de France, note du 17 septembre) :
- Des perspectives de croissance économique en berne : +1,1 en 2024, +1,2 en 2025 (2,6 % en 2022) ;
- Une consommation atone : + 0,6 % en 2024 (+0,9 en 2023 et 3 % en 2022) ;
- Une dérive accentuée des déficits publics, avec une anticipation 2024 établie en juillet à 5,6 % par Bercy, avec un risque de dérapage à 6 %.
Précisément concernant la dette publique, les « dérapages » (selon l’euphémisme consacré) annoncés par Bercy pour cette année 2024 inquiètent désormais : 84 % des décideurs et 80 % des Français estiment « probable » un risque de crise économique au cours des années qui viennent…
« L’atout économique » Michel Barnier et le grand défi d’avenir
En regard de ce moral économique très dégradé, l’image concernant Michel Barnier se révèle singulièrement positive sur le registre économique : les décideurs estiment que la nomination de Michel Barnier constitue une « bonne nouvelle » pour « la fiscalité sur les entreprises » (49 % contre 31 %), pour « les investisseurs étrangers » (49 % également, contre 26 %), pour « la création d’entreprises » (46 % contre 31 %) et pour « le dynamisme de l’économie française » (43 % contre 35 %).
De manière plus surprenante et inattendue, les Français en général émettent des jugements similaires, considérant positivement la désignation du nouveau Premier ministre pour « la fiscalité sur les entreprises » (45 % contre 24 %), « les investisseurs étrangers » (43 % contre 28 %), « la création d’entreprises » (41 % contre 33 %) et « le dynamisme de l’économie française » (39 % contre 30 %).
Ainsi se dessine pour le nouveau Premier ministre un défi majeur : fort de sa crédibilité économique, obtenir sur ce registre des résultats suffisamment rapides et significatifs pour surmonter les risques politiques qui s’imposent à lui. C’est une question de résultats, et également de rapidité.
François Miquet-Marty et Adrien Broche, Viavoice