Santé et interêt général

Baromètre France 2025 : Vivre et agir à l’heure de l’urgence climatique

« France 2025 » à l’heure de l’urgence climatique

L’urgence d’investir pour la santé de tous

A l’orée de la campagne présidentielle qui agit souvent comme un moment d’introspection nationale et de projection collective, les résultats de cette deuxième édition du baromètre « France 2025 » Viavoice Generali et Radio classique font état d’une France inquiète mais pas résignée et qui attend surtout que l’on parle vraiment des sujets qui la préoccupent ; au premier rang desquels nous retrouvons l’urgence climatique et les enjeux liés à l’environnement. A l’heure d’un rendez-vous international très attendu, la COP26, quelles sont les perceptions, les attentes des Français concernant ce sommet international ? Sera-t-il l’occasion de définir les contours d’une nouvelle politique pour vivre et agir en faveur du climat dans les prochaines années ? Des questions qui apparaissent comme fondamentales tant l’urgence d’agir est croissante notamment en regard d’une impuissance perçue des pouvoirs politiques et institutionnels.

Campagne présidentielle : la nouvelle dynamique des inquiétudes

Les résultats recueillis dans le cadre de cette nouvelle vague d’enquête sont édifiants : loin de s’améliorer par rapport aux résultats obtenus en septembre lors de la première vague d’étude, les indicateurs se dégradent.

La première détérioration concerne les anticipations à propos de la situation de la France en 2025 : 65 % des Français se déclarent désormais « inquiets » en pensant à la France en 2025, soit une augmentation de trois points par rapport aux données recueillies le mois dernier. Cette dégradation est inattendue alors que la campagne présidentielle pose ses premiers jalons. Elle s’inscrit notamment dans le contexte :

  • D’intensification des préoccupations, notamment sur le front du pouvoir d’achat avec une augmentation des prix de l’énergie et de matières premières ;
  • D’une campagne électorale qui semble, sur certains points, négliger de plus en plus les préoccupations des Français et dériver par rapport à leurs aspirations.En outre, cette projection vers l’avenir laisse apparaître deux « France » distinctes, faisant état d’un clivage socioéconomique majeur entre les cadres qui sont 40 % à se déclarer confiants en l’avenir face à seulement 27 % des employés et ouvriers. Ce constat de diffraction profonde ne saurait être écarté compte tenu du climat social tendu que le pays a connu avant la crise sanitaire et que cette dernière pourrait avoir amplifiée en regard des conséquences économiques qu’elle génèrePrécisément, le décalage entre les aspirations des Français et les enjeux abordés par le débat politique constitue le second registre de désenchantement :
  • L’enjeu de l’immigration ne progresse que de 2 points (à 31 %) parmi les préoccupations des Français, alors qu’il progresse de 8 points (à 47 %), parmi les enjeux qui semblent prévaloir dans la campagne présidentielle ;
  • En revanche, la question du pouvoir d’achat qui progresse nettement parmi les préoccupations (+ 5 points à 47 %) progresse de manière similaire en perceptions au sein du débat politique (+ 7 points à 29 %), même si un écart important entre les deux registres demeure ;
  • La question du climat, qui fait l’objet du focus d’actualité de cette étude, est importante : elle est citée en troisième position des préoccupations à 33 %, et également en troisième position des enjeux abordés par le débat politique, à 27 %.

    La COP 26 : entre déficit d’information et impuissance perçue des actions

    Si l’environnement constitue un enjeu prioritaire pour les Français, les acteurs attendus pour lui apporter des solutions ne semblent pas se situer du côté des Etats ou des institutions. A l’aune d’un rendez-vous international, la COP 26, la perception des Français sur ce sommet mondial fait état de deux constats majeurs. D’abord un clair déficit d’information sur le sujet de la COP 26 malgré une présence à l’esprit notable. En ce sens, 34 % des répondants affirment qu’ils « ne savent pas trop de quoi il s’agit » lorsqu’on évoque la « Cop 26 » et 36 % affirment même qu’ils « ne le savent pas du tout » ce qu’il en est. Au total, c’est donc 70 % de la population française qui témoigne d’une perception très peu construite de la prochaine COP 26 qui s’annonce pourtant décisive.

    Mais au-delà de ce manque d’information, c’est surtout l’impuissance voire l’inefficacité de ces rendez-vous pour conduire une action concrète et efficace que les Français déplorent. A ce titre, 70 % déclarent que les rendez-vous que constituent les Conférences des Parties (COP) ne sont pas vraiment suivies d’effets pour lutter contre le réchauffement climatique. Chiffre frappant, seulement 4 % pensent que les COP sont tout à fait utiles alors que 28 % estiment que ce n’est pas du tout le cas.

    Sur ces perceptions, un clivage générationnel se dessine très nettement : les jeunes sont plus optimistes, considérant pour un tiers d’entre eux ces rendez-vous utiles (contre 22 % de la population) alors que les plus âgés, les 65 ans et plus, sont bien plus pessimistes quant à l’efficacité de ces rendez-vous, 82 % pensent que ces sommets ne sont pas suivis d’effets (+ 12 points rapport à la moyenne nationale).

    Un double constat préjudiciable donc, au regard notamment d’une population française dont 77 % déclarent que le dérèglement climatique est avéré dont près d’un tiers (29 %) qu’il doit constituer une priorité absolue avant les autres….

    L’environnement : l’impact perçu sur la santé notamment à travers les enjeux d’alimentation

    Sur le fond, l’environnement comme enjeu prioritaire est désormais étroitement lié à celui de la santé : le lien entre santé et environnement est très clair pour les Français puisque 60 % d’entre eux pensent que l’environnement aura des effets négatifs sur leur santé personnelle. Environnement et santé constituent ainsi les faces d’une même pièce, notamment en matière d’alimentation. Dès lors, la lutte contre les produits chimiques dans le quotidien (alimentation, produits ménagers, pesticides) est l’enjeu cité en premier par les Français.

    Bien sûr, la lutte contre la pollution des eaux et des océans, bénéficiant d’une médiatisation récente importante, représente également une priorité pour les Français. C’est toute la question de la biodiversité qui constitue un enjeu majeur pour 73 % des Français.

    Agir pour l’environnement : une logique d’investissement plus que de contraintes

    Agir en faveur de l’environnement l’horizon 2025 rend compte d’une attente claire en matière d’investissement : 73 % des répondants se déclarent favorables aux aides destinées aux entreprises pour l’innovation en faveur du climat et 72 % le sont concernant des plans d’investissements massifs pour les énergies renouvelables. Ce sont les items les plus cités.

    A cette logique d’investissement s’oppose celle de la rupture contrainte et radicale dans les modes de vie qui n’engage pas l’adhésion actuellement de l’opinion publique. En ce sens, seuls 25 % se déclarent favorables à l’idée de « décroissance », une minorité (45 %) s’expriment en faveur de contraintes supplémentaires sur les comportements non écologiques.

    Si l’environnement doit générer des réponses, elles procèderont d’abord d’un effort financier majeur de la part des Etats pour accompagner la transition vers des comportements plus vertueux. La logique radicale et contraignante qui viserait un changement des modes de vie s’apparente à une écologie « punitive » à laquelle les Français ne souhaitent pas adhérer.

Par :
Stewart Chau
François Miquet-Marty
Publié le 04/11/2021

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