L’institution de l’information comme pilier démocratique
La nouvelle édition du baromètre Viavoice – Les Assises du journalisme sur l’utilité du journalisme s’inscrit dans un contexte particulièrement intense : à une période de crise sanitaire ont succédé l’entrée et le déroulé d’une campagne présidentielle « ovni » et la sidération de l’invasion russe de l’Ukraine. Alors que la pandémie du Covid-19 avait consacré l’importance du journalisme d’information et de solution malgré un traitement considéré comme anxiogène, qu’en est-il des perceptions de l’opinion sur le traitement journalistique de la campagne, sur le rapport entre journalisme et politique de manière plus large et sur la couverture de la guerre en Ukraine ?
Journalisme et politique : une opinion plus méfiante mais exigente
En regard de ces premières tendances, la nouvelle édition du baromètre consacrée au traitement journalistique de l’actualité politique révèle des tendances intéressantes. De manière attendue, la thématique « politique » souffre d’une présomption de défiance qui rend l’exercice du journalisme politique difficile :
- En effet, moins d’un Français sur deux (47 %) dit avoir confiance dans le travail et l’information délivrée par les journalistes concernant la vie politique. Loin derrière la culture, le sport, les questions de société, la santé, l’économie, l’international et le climat (entre 82 et 60 % de confiance). Ce score minoritaire ne révèle tout de même pas un véritable décrochage dans l’opinion.
Mais, cette « méfiance » sur les questions politiques trouve ses racines dans une réserve quant à l’objectivité des journalistes :
- 34 % des Français pensent que les journalistes et les médias traitent de la même manière l’ensemble du personnel politique quel que soit le bord concerné, 60 % des Français trouvent même que journalistes et politiques sont dépendants les uns des autres.
Comme le journalisme apparaît pour une grande majorité de Français comme indispensable à la bonne santé démocratique, l’opinion voit d’un mauvais œil les concentrations de médias qui constituent une réalité en France pour une large majorité de Français (67 %) et font courir un double risque :
- Un risque pour la démocratie, d’abord, 82 % de l’opinion considérant que ces concentrations portent atteinte au débat démocratique,
- Un risque pour la liberté journalistique ensuite, 65 % des Français considérant ces phénomènes comme des menaces pour la liberté éditoriale des journalistes.
Aussi, loin d’une défiance généralisée pour les journalistes et leur traitement médiatique de l’actualité politique, une majorité de Français juge la couverture éditoriale de la campagne présidentielle positivement : 57 % d’entre eux considèrent que l’information délivrée pendant cette campagne a été bonne.
Les Français restent attachés à la télévision, principal canal d’information utilisé pendant la campagne par 75 % des Français et alors que les débats télévisuels, notamment entre candidats, se sont faits plus rares que lors des précédentes campagnes. 53 % des Français considèrent que l’information pendant la campagne leur a été utile, principalement pour mieux connaître les programmes des candidats (56 %), mais aussi pour mieux connaître les candidats eux-mêmes (52 %).
A la différence du traitement médiatique de la crise sanitaire, dont la précédente édition du baromètre avait souligné le caractère anxiogène, celui de la campagne présidentielle bénéficie d’un tout autre regard : il a d’abord été utile (37 %), accessible (30 %), et intéressant (30 %).
Stewart Chau
Directeur des études politiques et opinion
Adrien Broche
Consultant opinion