Politique

Baromètre politique Viavoice-Libération. Portrait d’opinion concernant Elisabeth Borne. Juin 2023

Elisabeth Borne
Un an à Matignon

Un socle de popularité faible mais solide autour d’un quart de la population française

Populaire auprès de 25 % des Français et de 70 % de la majorité, la figure et l’action d’Elisabeth Borne, longtemps proche du Parti socialiste, bénéficient d’un regard particulièrement bienveillant dans l’écosystème politique et sociologique marqué à droite. 36 % des sympathisants de droite (contre 20 % des sympathisants de gauche), 38 % des électeurs de Valérie Pécresse et 36 % des retraités en ont une bonne opinion. Ces trois publics lui assurent un socle de popularité faible mais solide auprès d’environ un Français sur quatre, malgré un net retrait auprès des sympathisants de gauche marqués par son incarnation de la réforme des retraites. Un an après la victoire d’Emmanuel Macron, 27 % de l’opinion s’estime ainsi satisfaite de la nomination d’Elisabeth Borne et la même proportion enjoint Emmanuel Macron à la conserver comme Première ministre. Une position partagée par 70 % des sympathisants de la majorité et près d’un électeur de Valérie Pécresse sur deux (46 %).

C’est précisément parce que l’opinion n’identifie aucune réelle alternative dans la majorité à Elisabeth Borne que celle-ci apparaît comme la meilleure solution qui s’offre à Emmanuel Macron – ou la moins mauvaise, c’est selon. Si 28 % de la population française voit en Bruno Le Maire une personnalité qui aurait pu faire mieux qu’Elisabeth Borne, une majorité de l’opinion considère que ni Olivier Véran, ni Gabriel Attal, ni Gérald Darmanin, Gérard Larcher ou Sébastien Lecornu n’auraient été de meilleurs Premiers ministres que la locatrice actuelle de Matignon. Un constat d’opinion qui semble conforter les vues d’Emmanuel Macron et appuyer ses choix.

S’agissant de son périmètre de compétence, celui-ci est clairement délimité : entreprise, travail, emploi, Europe et économie. Des enjeux sur lesquels l’opinion lui confère entre 25 % et 29 % de crédibilité mais qui ne recoupent que très grossièrement les cinq priorités identifiées (pouvoir d’achat, santé, retraites, écologie et éducation).

Elisabeth Borne : l’empreinte de la « séquence retraites »

Rassemblant autour de 30 % d’opinions positives entre l’été et la fin de l’année 2022, les débats autour de la réforme des retraites ont coûté à Elisabeth Borne entre 5 et 7 points de popularité, soit une chute semblable à celle que connaît le président de la République (Baromètre Viavoice pour Libération, « Portrait d’opinion d’Emmanuel Macron », avril 2023). Une baisse de popularité cristallisée depuis le mois de février qui ne devrait pouvoir être réévaluée qu’à la condition d’une sortie thématique de la séquence qui a structuré les débats et l’opinion ces derniers mois.

Résultat : 66 % des Français considèrent qu’Elisabeth Borne est sortie affaiblie des débats sur la réforme des retraites et près d’un Français sur deux estime qu’Emmanuel Macron ne doit pas conserver Elisabeth Borne comme première ministre (47 %).

Une séquence qui a coûté cher au couple exécutif en termes de popularité mais qui a conféré à Elisabeth Borne une vertu qui se fait rare dans l’opinion : 46 % des Français l’estiment ainsi plus courageuse qu’Emmanuel Macron, jugement partagé par 61 % des sympathisants de la majorité, 60 % des électeurs d’Emmanuel Macron en 2022 et 53 % des sympathisants de gauche. Un constat d’opinion qui doit peut-être à l’annonce de l’utilisation de l’article 49 al. 3, décision dont Elisabeth Borne n’était semble-t-il pas convaincue et qui vernit timidement l’image d’une Première ministre qui suscite d’abord de l’incompréhension (32 %) et de l’indifférence (31 %), signes d’une empreinte technocratique sur laquelle l’opinion a peu d’accroches. Aux yeux de 25 % des Français vient ensuite la colère.

Arracher la marque « réforme des retraites » de son costume de Première ministre, voilà tout l’enjeu pour Elisabeth Borne, à moins qu’elle ne soit indélébile. Un enjeu qui semble encore lointain pour une Première ministre empêtrée dans les sables mouvements d’une « séquence retraites » que l’actuelle proposition d’abrogation portée par le groupe LIOT ne permettra pas d’évacuer de sitôt. Comme un symbole d’un idéal-type d’une Première ministre sous la Vème république.

 

Adrien Broche
Responsable des études politiques et publiées

Par :

Adrien
Broche
François Miquet-Marty

 

Publié le 02/06/2023

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