Édouard Philippe et l’avenir de la droite et du centre
Loin du pouvoir, l’état de grâce de la popularité
Personnalité politique préférée des Français
Avec 40 % d’opinion positive, Édouard Philippe se place en tête du classement Viavoice – Libération des personnalités politiques préférées des Français, devançant Marine Le Pen (36 %) et Jordan Bardella (28 %).
L’ancien Premier ministre bénéficie de 9 % d’opinion « très positive » soit trois fois plus qu’Emmanuel Macron actuellement (3 %). Apprécié par 51 % des 65 ans et plus et 46 % des cadres, Édouard Philippe fait le plein auprès des sympathisants de droite et de la majorité, avec respectivement 72 % et 84 % d’opinion positive. Le tableau est, logiquement, plus noir lorsque l’on regarde du côté de la gauche : si son score est honorable auprès des sympathisants de gauche (36 % de popularité), seuls 20 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en ont une opinion positive. Une donnée à avoir en tête dans l’hypothèse, politique-fictionnel évidemment, d’une nécessité de report de voix barrage face à la candidate du Rassemblement national.
Personnalité populaire, l’ancien Premier ministre est également perçu comme utile au débat d’idées : 45 % des Français estiment que ses idées sont « une bonne chose pour le débat public ». Ils sont par ailleurs 43 % à le penser parmi les sympathisants de gauche et 32 % parmi ceux de l’extrême-droite, soit des scores honorables attribués par des sympathisants de sensibilités politiques éloignées de la sienne.
S’agissant du registre émotionnel enfin, Édouard Philippe suscite de l’espoir pour 22 % de l’opinion et de l’enthousiasme pour 15 %, scores encourageants dans un contexte de désaveu et d’absence d’association du politique à l’espérance de jours meilleurs.
Les traits d’image d’Édouard Philippe : crédibilité, compétences et rassemblement
Concernant les traits d’image qui lui sont associés, l’ancien Premier ministre semble capitaliser sur son expérience du pouvoir et sa gestion de la crise sanitaire :
- 45 % des Français l’estiment crédible pour devenir Président de la République,
- Près de 4 Français sur 10 estiment qu’il peut apporter des solutions utiles aux Français et qu’il est en mesure de rassembler la droite et le centre,
- 38 % de l’opinion considère qu’il peut être une alternative à Marine Le Pen, dont 16 % estiment même qu’il peut « tout à fait » l’être,
- Plus d’un Français sur trois considère enfin Édouard Philippe comme « proche des gens » (36 %), qualité qui sera utile au candidat du centre à la succession d’Emmanuel Macron.
S’agissant des espaces de crédibilité thématique, ceux d’Édouard Philippe relèvent de champs d’intervention classiques de la droite et du centre :
- 39 % des Français le jugent crédible sur le monde de l’entreprise et l’économie,
- 38 % sur le travail,
- 37 % sur l’Europe et 36 % sur l’emploi.
C’est aussi dans une logique d’opposition à Emmanuel Macron qu’Édouard Philippe semble se démarquer : il apparaît plus rassurant, plus rassembleur, plus proche des Français, plus honnête et plus compétent que le Président de la République. Si l’éloignement du pouvoir exécutif doit évidemment rester à l’esprit à la lecture de ces scores, l’articulation d’une compétence soulignée par l’opinion et de traits d’image personnels en sa faveur ferait du maire du Havre une personnalité à suivre en vue de 2027, conservant les forces et corrigeant les faiblesses du président de la République actuel.
Édouard Philippe et l’avenir de la droite et du centre
Alors que plus d’un tiers des Français (36 %) souhaitent qu’Édouard Philippe soit candidat à l’élection présidentielle de 2027, le récit à adopter ne semble pas aller de soi, à en croire les données du nouveau baromètre Viavoice – Libération :
Alors que seul un tiers des Français (33 %) estiment qu’il se distingue clairement d’Emmanuel Macron, 47 % de l’opinion pense que, pour peser à l’avenir, Édouard Philippe devra incarner la rupture avec les quinquennats du président actuel. C’est un défi d’équilibre qui s’offrirait à lui, notamment s’il souhaite incarner à la fois la succession d’Emmanuel Macron au centre et convaincre une partie de la droite : 29 % des sympathisants de la majorité estimant cette stratégie de rupture convaincante contre 63 % des sympathisants de la droite.
Si un centre de gravité stratégique devait aujourd’hui être identifié, c’est davantage vers la succession du macronisme que dans la droite, sa famille idéologique politique d’origine, qu’il semblerait pertinent d’aller pour Édouard Philippe : plus populaire auprès des sympathisants de la majorité (84 %) que de la droite (72 %), seuls 41 % des électeurs de Valérie Pécresse estiment que la droite et le centre devront trouver inspiration dans l’ancien Premier ministre… soit plus de 20 points de moins que ceux d’Emmanuel Macron (63 %). Pour l’instant.
Adrien Broche
Responsable des études politiques et publiées