Baromètre Santé mentale – Viavoice pour la Mgéfi – 1ère édition
La première vague du « Baromètre Santé mentale » réalisée par Viavoice pour la Mgéfi dresse un tableau global sur l’appréhension de la santé mentale par les Français et les agents publics. Cette enquête a pour ambition de restituer le niveau de bien-être mental des Français et agent publics, décrypter leurs pratiques pour prendre soin de leur santé mentale, dresser un état des lieux de leurs connaissances en matière de prévention et de prises en charge et objectiver précisément les représentations sur la santé mentale en France.
La première édition de ce baromètre délivre de nombreux enseignements. D’abord, cette enquête rend compte d’un état mental des Français et agents publics morose. Les troubles de la santé mentale sont perçus et parfois vécus ; pourtant, la prévention et la prise en charge semblent encore trop peu installées.
L’étude ne révèle pas de différences majeures entre les Français et les agents publics. On observe toutefois que les agents publics – majoritairement composés de femmes – sont plus nombreux à mettre en place des attitudes préventives et semblent en tendance plus impliqués sur les sujets de santé mentale.
L’état de la santé mentale des Français et agents publics : un tableau fragile
Bien qu’une grande majorité de Français et agents publics déclarent se sentir bien sur le plan moral, presque 2 sur 10 d’entre eux estiment se sentir mal et un quart ont récemment fait l’expérience d’une détérioration de leur bien-être mental. Un quart des répondants sont peu confiants sur l’évolution de leur bien-être mental à venir.
Les situations pouvant être liées à des troubles de la santé mentale et les troubles avérés sont restitués dans des proportions importantes :
- 47% des Français déclarent avoir des troubles du sommeil (52 % des agents publics) et 38 % des troubles anxieux (36 % des agents publics)
- 25 % ont déjà connu une dépression (29 % des agents publics) et 13 % des idées suicidaires (14 % des agents publics)
Ce tableau est particulièrement inquiétant pour certaines populations : les femmes, les jeunes et certaines populations plus fragiles (souffrant d’une affection longue durée ou chômeurs notamment) sont plus nombreux à restituer des troubles de la santé mentale et à déclarer se sentir mal.
La santé mentale : un sujet d’attention pour une grande majorité de Français mais des idées reçues qui demeurent
Une immense majorité de Français et agents publics (9/10) sont d’accord aujourd’hui pour dire que la santé mentale est aussi importante que la santé physique. D’ailleurs, les Français considèrent que le bien-être mental est le 4ème élément qui contribue le plus à la bonne santé générale, derrière l’alimentation, le sommeil et l’activité physique (le triptyque manger-bouger-dormir). Il semble également évident pour une immense majorité de répondants que les troubles de la santé mentale peuvent toucher n’importe qui.
Pourtant, des idées reçues et un tabou sur la santé mentale demeurent : presqu’1 répondant sur 2 pense que des personnes reçoivent un diagnostic de troubles de la santé mentale pour des problèmes personnels mineurs et un quart pense que les thérapies (psychothérapies, hypnoses…) sont uniquement réservées aux personnes qui ont des troubles importants de santé mentale. Seuls 22 % des répondants considèrent qu’il est facile de parler de ses troubles de santé mentale en société.
Aussi, les Français continuent d’avoir une vision « extrême » des troubles de la santé mentale : seuls la dépression, les addictions et l’isolement social semblent clairement perçus par une majorité de Français comme des troubles de la santé mentale. Et d’ailleurs, lorsqu’ils sont eux-mêmes confrontés à des troubles, les Français sont plus nombreux à demander de l’aide quand ils estiment vivre un trouble de la santé mentale « majeur » (phobie, dépression, idées suicidaires…).
Une attitude préventive en matière de santé mentale encore peu installée
Finalement, la prévention est encore peu installée en matière de santé mentale et peu de Français restent alertes face aux signaux du quotidien sur l’état de la santé mentale (fatigue, stress, alimentation…) : si 76 % des Français et agents publics déclarent prêter une attention suffisante à leur santé mentale, 2 sur 10 estiment ne pas le faire suffisamment.
Dans les faits, ils sont encore plus nombreux à ne pas prendre soin de leur santé mentale puisque moins d’1 Français sur 2 met en place des pratiques préventives pour prendre soin de sa santé mentale telles que consulter un psychothérapeute ou psychiatre, faire du yoga, de la méditation ou de l’hypnose. A noter toutefois que les agents publics sont plus nombreux à mettre en place ces pratiques, de même que les femmes, les jeunes et les catégories aisées de la population.
Un meilleur accompagnement nécessaire pour les personnes confrontées à des troubles de la santé mentale
Si la prévention s’avère peu installée, il en est de même de l’accompagnement des personnes souffrant de troubles de la santé mentale.
Seule 1 personne sur 2 confrontée à des troubles de la santé mentale se sent réellement accompagnée.
Les prises en charge proposées sont encore trop peu connues du grand public : seuls 4 Français sur 10 se sentent informés sur les prises en charge en matière de santé mentale en France et un quart connait à la fois les prises en charge proposées par l’assurance maladie, les mutuelles et la médecine du travail.
Des attentes s’expriment donc pour une meilleure prise en charge de la santé mentale, particulièrement chez les agents publics.
Mais preuve que la prévention et l’accompagnement sont encore trop peu installés dans le paysage, les Français et agents publics ne sont respectivement que 30 et 26 % à attendre des services de prévention et de dépistage réguliers pour diagnostiquer des troubles mentaux éventuels.
Arnaud Zegierman & Elise Cathala
Viavoice