Le programme d’Emmanuel Macron, de loin le plus crédible selon les cadres
Quels programmes sont jugés les plus efficaces pour relancer l’économie française ?
À cette question simple, les cadres jugent Emmanuel Macron le plus convaincant, avec 48 % d’entre eux qui pensent que son programme serait « efficace ».
Si l’ancien Ministre de l’Economie n’a pas encore dévoilé l’ensemble de son programme économique, un certain nombre de dispositions sont déjà connues : réforme de l’ISF pour favoriser les investissements, transfert des charges sociales vers la CSG, retraite à la carte et alignement des différents régimes de retraite, moduler la durée hebdomadaire de travail selon l’âge, plafonner des indemnités prud’homales, etc. Des mesures pour certaines partagées par d’autres candidats, pour certaines plus originales.
Au-delà, c’est également le positionnement et le parcours d’Emmanuel Macron qui séduit les cadres : ayant travaillé dans le public comme dans le privé, pro-européen, perçu comme moderne et à l’écoute des mutations économiques… C’est sans doute autant ces traits d’image qui participent aujourd’hui à sa « crédibilité économique ».
François Fillon, second, inquiète le secteur public
Le candidat des Républicains, aujourd’hui fragilisé et au programme de réformes plus « radical » sur le plan économique, est second de notre classement, mais largement distancé avec 33 % d’opinions positives, 15 points derrière Emmanuel Macron.
Surtout, le candidat LR inquiète particulièrement les cadres du secteur public, en lien avec ses propositions de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires et de réformer largement la Sécurité sociale : ainsi, 70 % des cadres du public jugent le programme de François Fillon « pas efficace », contre 53 % dans le secteur privé.
Le programme de Marine Le Pen largement rejeté par 81 % des cadres français
Enfin, à l’heure où Marine Le Pen est mesuré dans les enquêtes d’opinion en tête du premier tour, on peut noter un rejet massif du programme du Front national auprès des cadres, puisque 81 % d’entre eux le jugent « pas efficace ».
Sortie de l’euro, protectionnisme, rapprochement avec la Russie au détriment des Etats-Unis et politique migratoire particulièrement rigoriste : les mesures préconisées par la candidate d’extrême-droite n’apparaissent pas seulement « anti-business », mais également porteurs de risques structurels pour l’économie française et les entreprises.
Contrairement aux précédentes, la campagne actuelle n’est toujours pas porteuse d’espoir d’amélioration économique
Les perspectives économiques des cadres, comme les cours des valeurs financières ou la consommation des ménages, obéissent logiquement à des stimuli liées aux anticipations des politiques économiques qui seront portées par les dirigeants nouvellement élus.
Pour ces raisons, une campagne présidentielle n’a jamais été anodine pour les agents économiques de premier plan que sont les cadres, au sens où elle donne à voir des réformes souhaitables (ou parfois redoutées).
En 2007 comme en 2012, les campagnes présidentielles avaient ainsi su créer un « désir de changement » et une amélioration des perspectives des décideurs, séduits par certains aspects des programmes proposés : entre janvier et mai 2007, l’indice du moral des cadres avait ainsi gagné 13 points, atteignant son plus haut niveau (jamais égalé depuis 10 ans). En 2012, dans un contexte économique certes assombri par la crise, l’indice avait également gagné 9 points entre janvier et mai.
Or il semblerait que la campagne actuelle fasse exception, pour le moment : l’indice perd 2 points depuis janvier, et ce en dépit d’indicateurs économiques nationaux qui s’améliorent à la marge (créations d’emploi, consommation, investissement).
Une « incertitude maximale » sur l’issue du scrutin ?
Comment expliquer ce « moral des cadres » en berne, dès lors ?
Plusieurs facteurs d’explications peuvent se dégager :
Enfin, last but not least, la difficulté pour de nombreux agents économiques d’anticiper à travers les programmes actuels les décisions réelles des dirigeants : Emmanuel Macron n’ayant pas encore dévoilé toute sa vision économique, François Fillon étant pressé d’adoucir son programme par une partie de sa majorité, ou encore Benoît Hamon toujours peu précis sur la mise en place de son revenu universel, notamment.
Il y a cinq ans, le discours du Bourget de François Hollande avait finalement abouti au CICE pour les entreprises et au « ras-le-bol » fiscal pour les ménages. Il y a 10 ans, la volonté de réformer de Nicolas Sarkozy s’était heurtée à la crise financière de 2008. Ces précédents entretenant des réserves sur les annonces actuelles et leur mise en œuvre.
Aux candidats, donc, de rassurer dès aujourd’hui les décideurs sur la crédibilité de leurs programmes comme de leur mise en œuvre, afin d’éviter ces écueils.