“L’union des gauches”, une union des “renoncements” utiles ?
Soutenue par 78 % des sympathisants de gauche (et 37 % des Français) l’union des différents partis de gauche autour de la France insoumise bénéficie d’une bonne opinion auprès du public à qui elle cherche à s’adresser, soulignant davantage les points communs et que les dissensus au sein d’un camp qui s’est, ces dix dernières années, plus souvent déchiré que réuni.
- A ce titre, 82 % des sympathisants de gauche estiment cette alliance nécessaire pour obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. Aussi, 53 % d’entre eux considèrent que les différences d’idées et de valeurs sont moins importantes que ce qui réunit ces partis et mouvements de gauche, un score marqué mais timidement majoritaire, 33 % soutenant l’inverse.
- Sans surprise de par la dynamique dont elle bénéficie, la France insoumise apparaît pour les sympathisants de gauche (68 %) comme pour les Français en général comme l’unique acteur qui ressort renforcé de cette crise. C’est donc dans le même temps à un déséquilibre dont l’opinion semble avoir bien conscience que l’alliance espérée renvoie aussi.
Les différents partis alliés autour du socle « insoumis » apparaissent en effet comme ayant renoncé à des valeurs aux yeux des sympathisants de gauche (69 % pour le PS, 66 % pour EELV, 60 % pour le PC). Principaux enjeux « sacrifiés » pour l’opinion de gauche : l’Europe pour le PS, le nucléaire pour EELV (dont le candidat Jadot était pourtant, comme Jean-Luc Mélenchon, favorable à la sortie), le travail pour le PCF. Une union encore fragile, en somme.
Les partis de gauche semblent avoir pris la mesure des enjeux du moment : les fractures qu’a révélé l’élection présidentielle seront au cœur de l’enjeu « réconciliation » auquel doivent faire face Emmanuel Macron et l’ensemble des leaders politiques souhaitant s’affirmer pour le quinquennat qui s’ouvre. Si cette union des gauches apparaît comme une nécessité électorale absolue elle ne signe pas une synergie idéologique qui pourrait tout aussi s’avérer problématique pour la suite.
Stewart Chau
Directeur des études politiques
Adrien Broche
Consultant opinion