Baromètre sur l’utilité du journalisme, 9ème édition
Pour 6 Français sur 10, les faits divers ne doivent pas occuper une place moins importante que l’actualité politique, internationale ou économique
Les attentes envers les médias : confiance réassurée, quête de fiabilité et méfiance persistante
En ligne avec les résultats observés depuis plusieurs années, le journalisme reste largement perçu comme un métier utile (86 %). Cette utilité réaffirmée année après année ne signifie néanmoins pas une adhésion aveugle au travail des journalistes : la confiance dans leur travail varie fortement selon les thématiques abordées : si le sport et la culture restent des « terrains » de confiance préservés (autour de 80% de taux de confiance), la vie politique, l’économie et la question climatique recueillent d’importants taux de défiance (56%, 43% et 41%).
Le fact-checking, censément garantie d’une information fiable, est lui-même objet de débats : s’il est perçu comme un rempart contre la désinformation par un tiers des Français, il est surtout considéré comme potentiellement attentatoire à la liberté d’expression en dépit de son utilité (36%), voire comme une menace directe envers elle (13%).
Interrogés sur l’information à laquelle ils font le plus confiance, les Français renouvellent leur confiance dans celle qu’ils trouvent dans les médias professionnels (74%), plutôt que celle relayée par leur entourage via les réseaux sociaux (12%). Ce chiffre montre un besoin de fiabilité renforcé dans un univers où les fake news circulent abondamment.
S’agissant enfin des attentes prioritaires des citoyens vis-à-vis des journalistes, celles-ci s’articulent toujours autour d’une exigence de vérification des informations (67%), d’utilité concrète des informations (46%) et de travail d’investigation et de révélation (43%).
Le journalisme face aux faits divers : entre fascination et saturation pour une notion mal cernée
Enseignement marquant de l’enquête : les Français sont très largement intéressés par les faits divers, seule une partie très résiduelle de l’opinion déclarant qu’ils ne les intéressent « pas du tout ».
Deux rapports aux faits divers se distinguent néanmoins : une France des deux- tiers, intéressée par leur traitement médiatique (69%) et une France d’un-tiers, plus distante (28%).
En cohérence avec cet intérêt très largement partagé, l’opinion déclare très majoritairement s’informer de manière proactive sur les faits divers, à hauteur de 71 %. 1 Français sur 4 s’informe même « régulièrement » sur ces sujets (26%). En conséquence, la part de Français estimant la place des faits divers comme étant « trop importante » dans le paysage médiatique se révèle tout à fait minoritaire (30%).
Ces données, massives, épousent un paradoxe apparent : l’opinion déclare ressentir des émotions majoritairement négatives face à l’actualité des faits divers : la colère (39%), la tristesse (32%), la curiosité et le dégoût sont les premières émotions convoquées.
Plus frappant encore, la place à accorder aux faits divers en regard des autres thématiques est éloquente : aux yeux de 6 Français sur 10, les médias et les journalistes ne doivent pas accorder aux faits divers une place moins importante que l’actualité politique, internationale ou économique.
Au carrefour du « micro » et du « macro », de l’individuel et du politique
Symbole d’une affaire criminelle au recoupement du sociétal et de ce qui est classiquement considéré comme constitutif du fait divers, le procès des « viols de Mazan » est le premier spontanément cité par les Français, devant l’affaire dit du « petit Grégory » récemment repopularisée par la plateforme Netflix.
Davantage qu’une stricte séparation entre ce qui relève du sociétal et du fait divers, 62 % des Français estiment ainsi qu’il est « au moins parfois » nécessaire que les personnalités politiques se saisissent des faits divers, 49 % estimant néanmoins que cela « dépend des cas ». Cet intérêt peut même parfois recouvrir sa part de pédagogie : pour les deux-tiers de la population, les faits divers sont un bon moyen de s’intéresser à l’actualité judiciaire et sécuritaire. A la croisée de genres… plus si imperméables les uns des autres.
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Adrien Broche & Margot Hoché
Viavoice