Santé et interêt général

Avec le renversement international

Vers la tentation d’une décélération écologique ?

Cette septième vague du baromètre Viavoice – HEC Paris pour Le Nouvel Obs entend prendre le pouls de l’opinion des cadres et de l’ensemble des Français dans un contexte de reconfiguration inédite et sidérante des rapports de force internationaux. Quelques semaines seulement après la prise de fonctions de Donald Trump, où en est l’opinion sur les grands enjeux qui modifient déjà en profondeur l’état du monde économique et sociétal ?

Face aux turbulences mondiales : priorité à la santé économique

Enseignement majeur de cette nouvelle livraison du baromètre des Transitions Viavoice-HEC pour le Nouvel Obs : les opinions sur le rapport entre les santés économique et écologique connaissent de fortes variations dans un contexte international totalement bousculé. Comme un réflexe auto-protecteur alors que l’ordre global des choses se révèle plus fluctuant et imprévisible que jamais, l’écart entre les priorités économique et écologique se resserre : 37 % des Français dans leur ensemble comme des décideurs estiment désormais que la priorité doit être donnée à la croissance économique et à la création d’emplois, même si cela nuit à l’environnement. Un score en hausse d’une dizaine de points en deux mois.

Les niveaux d’inquiétude et d’engagement pour le climat restent globalement stables, même si un léger recul doit être souligné : 71 % des Français et 77 % des décideurs se déclarent « inquiets » s’agissant du changement climatique, des scores en recul de respectivement 2 et 4 points par rapport au mois de janvier.

L’avenir des transitions et des engagements : résistances et adaptations ?

Face à ce défoulement des incertitudes, les réactions de l’opinion tendent naturellement à la conservation de ses intérêts élémentaires. Ainsi, l’intensification de la transition écologique ne va plus de soi : alors que les urgences se multiplient et se diversifient, seule une courte majorité des décideurs (61 %) comme des Français (55 %) estime que l’heure est à l’accélération de la transition écologique. Près d’un tiers de chacun de ces publics estime même, alors que l’été approche et que de nouvelles catastrophes climatiques risquent de frapper, qu’il faut « ralentir la transition écologique » (31 %). En cohérence, les opinions se structurent symétriquement s’agissant des volontés d’assouplissement de certaines normes environnementales dans les années à venir : alors que l’interdiction de vente des véhicules thermiques dès 2035 au niveau européen pourrait faire l’objet d’amendements, l’opinion opine. Les deux-tiers des Français comme des cadres estiment que ces assouplissements sont une « bonne chose ».

Enfin, qu’en est-il de l’état des transitions dites « sociétales » ? Face à l’offensive de Donald Trump s’agissant des enjeux « DEI » (diversité et inclusion), la population française montre un net attachement à ces enjeux. 63 % des cadres et 59 % des Français estiment que le recul de ces programmes et engagements dans les entreprises sont une « mauvaise chose » quand un cadre sur quatre et 22 % des Français en général soutiennent l’initiative de la nouvelle présidence Trump.