Santé et interêt général

Michel Barnier face aux enjeux sociétaux et climatiques

Un « faux handicap » dans l’opinion ?

Cette quatrième et nouvelle livraison du baromètre des Transitions Viavoice et HEC Paris pour le Nouvel Obs intervient dans un contexte politique particulier. La nomination de Michel Barnier a mis fin à une séquence inédite entraînée par les résultats des élections législatives anticipées pendant laquelle les différentes urgences qui attendent la France ont été mises de côté. Depuis sa nomination et celle de son nouveau gouvernement, les commentaires mettent l’accent sur les traits de caractère du nouveau Premier ministre : rompu à la politique, à l’exercice du pouvoir, bien plus âgé que son prédécesseur, conservateur. Qu’en est-il alors de l’image de Michel Barnier s’agissant des enjeux sociétaux et écologiques ? Pour quels impacts ?

Le nouveau Premier ministre à l’épreuve des questions de société et de la transition climatique

Interrogés sur les conséquences de la nomination de Michel Barnier s’agissant des défis extra-économiques que sont les enjeux sociétaux et écologiques que connaît la France, le regard des Français est clair. Si la nomination du nouveau Premier ministre est considérée comme une « bonne nouvelle » en matière de lutte contre l’insécurité pour la moitié des cadres et des Français (52 % et 50 %), le regard de l’opinion est plus sévère s’agissant des autres enjeux. Ainsi, l’arrivée de Michel Barnier à Matignon n’est considérée comme une « bonne nouvelle » pour l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les discriminations que par environ 1/3 des cadres. Le regard du grand public est sensiblement plus conciliant, 40 % des Français estimant sa nomination positive pour l’égalité femmes-hommes et 37 % en matière de lutte contre les discriminations. Le bât blesse encore, pour le moment, s’agissant de la transition écologique : la nomination de Michel Barnier n’est une bonne nouvelle dans ce domaine que pour 29 % des cadres et 33 % des Français.

Les priorités du gouvernement de Michel Barnier : pouvoir d’achat, santé, éducation

S’agissant d’abord du public Cadres, la primauté est attribuée à la question sociale. Les priorités identifiées sont celles du pouvoir d’achat (51 %), enjeu qui occupe la tête des préoccupations de façon quasi-continue depuis maintenant deux années. Les décideurs en appellent également à agir sur la transition climatique (44 %) et la santé (43 %), devant les dépenses publiques (39 %) et l’éducation (39 %).

S’agissant des Français dans leur ensemble, si le pouvoir d’achat (52 %), la santé (47 %) et les dépenses publiques (35 %) demeurent de remarquables enjeux de préoccupation, les résultats de l’étude d’opinion menée par Viavoice et HEC Paris pour Le Nouvel Obs font état de divergences s’agissant des questions régaliennes et climatiques. Ainsi la question de l’immigration fait-elle l’objet de davantage de préoccupations qu’aux yeux les cadres (37 % contre 29 %). Le constat est le même s’agissant de la transition climatique, dans des proportions encore plus importantes : si elle est une priorité pour 44 % des cadres, seuls 29 % des Français estiment qu’il s’agit d’un sujet de premier plan.

Quel que soit le public visé, les questions dites « de société » demeurent reléguées en bas de classement (égalité entre les femmes et les hommes, discriminations…), indicateur qui a de quoi rassurer un nouveau Premier ministre dont le capital decrédibilité reste peu associé à ces enjeux.

Dans un contexte politique tendu, les priorités d’actions auxquelles en appellel’opinion sont donc tout à la fois puissamment sociales et régaliennes, alors que lasituation des finances publiques est plus délicate que jamais. Des défis de taille pour un exécutif encore fragile.